Franchement, coller sur la même photo la peintre mexicaine Frida Kahlo et le poète russe Vladimir Maïakovski, ça a de la tronche, non ? Ou comment atteindre le summum du romantisme révolutionnaire. Frida sensuelle au max, décolleté virevoltant et flingue à la main ; Maïakovski, regard ténébreux et clope nonchalante, les artistes maudits réunis. Oui, hormis qu’en l’occurrence, ce cliché sent la poudre et pas seulement celle du pistolet de Frida.

Car la photo est officiellement prise en 1910, année de la Révolution mexicaine. Rien qui vous choque ? Eh bien, les avertis répondront qu’en 1910, Frida n’avait que… trois ans. En fait, la photo où elle tient le flingue date de 1931 et fut prise par Imogen Cunningham. Maïakovski était mort depuis un an…

Cette photo de George Orwell tenant en ses bras un petit chien, Ernest Hemingway en arrière-plan, a la vie dure. Officiellement, c’est la Guerre d’Espagne, on est en 1937, soit. Pour Ernest Hemingway, on vous le concède, c’est bien lui. En revanche, l’homme au chien n’est absolument pas George Orwell, désolés de casser le mythe.

A priori si les deux hommes ont bien participé à la Guerre d’Espagne, il n’est pas certain du tout qu’ils s’y soient même croisés : Hemingway comme reporter auprès des Brigades Internationales, Orwell avec le POUM, organe marxiste et anti-stalinien. Pour la photo du gentil toutou à son pépère, vous repasserez ! Mais ça fait joli dans le genre histoire revisitée !

C’est la photo rebelle entre toutes. You have a dream ? Le voici réalisé. Martin Luther King faisant un doigt d’honneur, tout le monde aime et connaît, pas vrai ? Sauf que, à y regarder de plus près… Martin Luther King doit avoir un petit côté “Envahisseurs” de David Vincent (ah, nos jeunes années) car regardez bien, il lui manque un doigt. Son “V” de la victoire date en fait du 19 juin 1964, quand le Sénat américain vota le Civil Rights Act, moment important pour l’égalité des droits pour les Noirs.

Ce jour-là, le futur Prix Nobel de la Paix est heureux, il fait un V, en aucun cas un vulgaire doigt. La vraie photo, non trafiquée est ici (cliquez).
C’est pas tout à fait la même, non ?

Pauvre Albert Einstein, que n’a-t-on blasphémé sur le scientifique, après avoir découvert cette photo, où tandis que se font les essais nucléaires dans son dos, il roule vers nous, apparemment joyeux et insouciant. Las, mille fois hélas pour ses dévélos, pardon détracteurs, ce jour là de 1933, Albert ne voit pas l’essai nucléaire.

Pas parce qu’il lui tourne le dos, non ! Mais bien parce qu’il s’agit d’un montage grossier, et qu’en 1933, Albert est un peu mort depuis sept ans déjà, comme le temps passe. Allez Bébert, reprends avec nous : “à bicycletteeeeeeee”

Ce n’est pas nous qui l’avons dit mais Salvador Dali lui-même : “Gala m’a totalement crétinisé”. L’amour donne des ailes, mais sublime rarement la créativité, la crétinerie oui.

Sauf que, Dali amoureux ou pas n’a pas dessiné des sexes masculins signés Picasso sur le front de sa muse, mais bien une méduse, comme en atteste l’original ici (cliquez).

Même si venant de Dali, on est prêts à croire n’importe quoi, cette méduse-là nous médusait plus qu’elle nous a-musait.

De tout cela, nous retiendrons une fois de plus qu’il faut se méfier du poids des mots autant que du choc de certaines photos. Tout cela rime trop souvent avec faux.

Enfin bon, moi je dis ça, je dis rien…

Gracianne Hastoy