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Edito

Le 19 Mar. 2015

Du suspens à l’indifférence et à la révolte

Le contraste est frappant entre une classe politique qui brigue avec envie le pouvoir dans les départements, et des Français qui ne s’intéressent vraiment pas au scrutin de dimanche ou qui ont l’intention d’exprimer leur révolte.

Au cours de cette campagne électorale si particulière, il suffit d’écouter pour mesurer l’importance du fossé qui ne cesse de se creuser entre les élus et le peuple.

Deux mondes qui ne vivent plus tout à fait dans le même monde.

Alors…

Alors oui, du suspens il y en aura localement. Parce que de nombreux départements peuvent basculer de la gauche vers la droite, retour de balancier oblige (comme dans les Pyrénées-Atlantiques) ou par effet d’usure du pouvoir (comme dans les Landes, voire dans le Gers). Si la tendance des dernières Municipales s’amplifie, alors le paysage politique du bassin de l’Adour pourrait être sérieusement bouleversé.

Ainsi, la gauche qui détenait la grande majorité des Villes, des Départements et des Régions françaises risque de se retrouver largement dépouillée dans les provinces, au soir du 29 mars, puis après les Régionales de décembre prochain.

Du suspens, il y en aura également sur le plan national. Parce que le Front National semble continuer sa progression, en se retrouvant favori, pour la première fois de son histoire, d’un scrutin local. Parce que les autres partis politiques vont devoir se remettre sérieusement en cause (mais sauront-ils le faire ?), et en urgence si les électeurs les sanctionnent lourdement dans les urnes.

L’indifférence et la révolte planent sur ce scrutin, et pourraient peser très fortement sur un premier tour qui sera déterminant. En effet, avec le taux d’abstention annoncé, dans de très nombreux cantons seuls les deux premiers « couples » candidats pourront concourir pour le second tour.

Pourquoi cette indifférence et cette révolte ? En plus du rejet global de la politique et des politiques, tout a été fait pour accentuer le divorce. Sans revenir sur les détails, rappelons à quel point la situation est ubuesque.

Première étape, le gouvernement se lance dans un nouveau découpage des cantons pour les réduire de moitié dans chaque département. Des économies en perspective avec moins d’élus ? Et bien non, puisqu’il y aura 2 élus par canton (un couple) au lieu d’un seul. Etonnant, non ? Mais j’allais oublier un point capital de cette réforme : les Conseils généraux sont rebaptisés Conseil départementaux. Génial !

Deuxième étape, alors que la première n’est pas définitivement bouclée. Le président de la République annonce solennellement, le 14 janvier 2014, sa volonté de supprimer les Conseils généraux. Un choix confirmé par le nouveau premier ministre, deux mois et demi plus tard. Et l’exécutif affirme qu’il veut aller vite pour faire des économies et alléger sérieusement le millefeuille territorial.

Cela doit être la première fois (en tous cas, il faut l’espérer) que l’on réforme une institution tout en la condamnant à disparaître dans la foulée.

Troisième étape, le gouvernement fait machine arrière et renonce à la suppression des Conseils départementaux (sous pression des élus eux-mêmes). Enfin, peut-être pas tous. Certains Départements pourraient fusionner avec les Métropoles, d’autres pourraient se regrouper avec des Communautés d’agglomération. Ca se discute toujours, et toujours entre élus.

C’est une autre grande première : dimanche, nous allons donc voter pour élire nos représentants dans une institution qui va disparaître (ou pas forcément) et qui ne connaît pas ses nouvelles compétences (mêmes provisoires). Mais tranquillisez-vous : les Départements devraient au moins garder la compétence sociale et de solidarité (60% de leur budget), car… « personne n’en veut ! ». Rassurés ?

Alors, comment s’étonner qu’il y ait de l’indifférence et de plus en plus de révolte chez les Français ? Comment s’étonner si cela se traduit par une l’abstention ou un vote de défoulement ? Il ne faudra pas se tromper d’analyse, dimanche soir.

Mais, en attendant le verdict, il reste important d’accomplir son devoir électoral. Quoi qu’il arrive, chaque citoyen doit profiter de la chance que lui offre la démocratie de s’exprimer librement dans les urnes.

8 commentaires au sujet de cet article

  1. Faire disparaître les Conseils généraux était une très bonne idée. Mais le lobbying des élus a eu le dernier mot. Ils tiennent trop à toucher des indemnités qu’ils cumulent allègrement.

  2. Cela fait peur de voir comment les gouvernants et les parlementaires agissent. Il est où l’intérêt de la France ? Elle est où la bonne gestion des taxes et impôts qu’ils nous ponctionnent de tous les côtés ?

  3. Moi ce qui me choque le plus, ce sont les palais qu’ils se sont fait construire. Baptisés Hôtel du département ou Hôtel de région, ce sont plutôt des palaces, avec des bureaux luxueux. Halte au gaspillage de notre argent !!!!!

  4. A mon avis le plus grave, c’est que les professionnels de la politique, les cumulards de mandats, ont largement dévié de l’éthique qu’ils auraient du s’imposer. Tous autant qu’ils sont à droite, à gauche, au centre, à l’extrême droite ou gauche…
    Et ainsi ils portent un tort considérable aux élus des petites et moyennes communes qui eux sont restés bénévoles ou presque et qui font un travail exemplaire. C’est peut-être d’abord à ces “petits” élus de se révolter

    1. Il y a de sacrés cumulards, même dans les petites communes (en général, les maires et adjoints).
      Ils se partagent les fonctions de présidence et vice présidence des intercommunalités, des syndicats, etc…
      Il y a souvent des indemnités à y gratter !

      Il n’y a guère que les conseillers municipaux, sans délégation, qui ont la foi, et travaillent bénévolement pour la collectivité.

  5. Et pour un conseiller départemental, dans les Pyrénées Atlantiques, c’est une indemnité de plus de 2200 €/mois !

    Ils ne savent peut être pas ce qu’ils vont y faire, mais on sait pourquoi ils sont prêts à tenter le coup, malgré tout !

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