Aujourd’hui, le plus haut personnage de l’Etat va devoir se livrer à un exercice particulièrement délicat devant 500 journalistes du monde entier. Il aura inévitablement à répondre à des questions sur ce que les médias internationaux ont baptisé la « love affair », qui pollueront malheureusement le développement de sujets essentiels pour l’avenir de la France. Mais, hier, le Cevipof, Centre de recherches politiques de Sciences Po associé au CNRS, a dévoilé les résultats de son baromètre qui montrent une sévère accentuation du divorce entre les Français et le monde politique. Une tendance particulièrement inquiétante.
« Nous atteignons des niveaux vertigineux que nous n’avons jamais connus », s’inquiète Pascal Perrineau, directeur du Cevipof. « 87 % des Français considèrent que les responsables politiques se préoccupent peu ou pas du tout des gens comme eux. C’est hallucinant ! Cela représente 6 points de plus par rapport à 2009. Nous approchons les 90%, nous n’avions jamais connu une telle dégradation ».
De plus, cette défiance politique se propage dans d’autres domaines, générant un pessimisme grave sur la dégradation de la situation financière des ménages, des entreprises et du pays. Plus grave encore, elle rejaillit sur la « confiance sociale et personnelle » des couches les plus modestes de la société, et 69% des Français estiment que leur démocratie ne fonctionne pas bien (+21% par rapport à 2009).
Autre révélation de ce baromètre, l’apparition pour la première fois du sentiment de « dégoût ». Pour Pascal Perrineau, « on ne peut pas l’interpréter simplement comme la montée irrésistible d’une indifférence. C’est beaucoup plus fort que cela. Aujourd’hui sont exprimés du ressentiment et de la colère ». La morosité (34%), la lassitude (31%) et la méfiance (30%) sont les sentiments qui dominent, loin devant la sérénité (15%), le bien-être (14%) et l’enthousiasme (8%).
Seule bonne nouvelle, l’échelon municipal émerge de cette redoutable vague de défiance. Une raison supplémentaire pour que les candidats aux prochaines échéances électorales se donnent pour mission prioritaire d’entreprendre sérieusement la reconquête des Français, en leur présentant un autre visage beaucoup moins politicien et nettement plus responsable.
François Loustalan
Oui, il faut un sursaut des politiques pour redonner confiance aux gens
Les élus locaux sont bien placés pour donner l’exemple et promouvoir une éthique qui évite ce divorce
les responsabilités d’un Président de la République sont elles compatibles avec ce genre de situation ?