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Edito

Le 13 Jan. 2015

Difficile retour à l’ordinaire

Personne n’aurait pu prévoir cette mobilisation de 4 millions de personnes dans les rues des principales villes françaises, même au lendemain de l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo. Elle a été le fruit d’un cocktail aussi historique qu’inimaginable.

Il y a eu le choc de ces dessinateurs de renom assassinés, « grands enfants » rebelles et provocateurs. Il y a eu le symbole de l’assaut meurtrier contre une presse satyrique faisant partie d’une certaine culture française. Il y a eu, par conséquence, l’atteinte sauvage et insupportable à la liberté d’expression. Il y a eu les images de l’exécution froide d’un policier à terre.

Mais…

Mais, il y a eu aussi ce buzz phénoménal sur les réseaux sociaux qui a mondialisé le hashtag #jesuischarlie. Puis, il y a eu cette chasse à l’homme retransmise par les télévisions en direct, 24 heures sur 24, suivie de la prise d’otages juifs à Paris, et de l’assaut final contre les terroristes. Il y a eu  le début de psychose, toujours en direct sur les chaînes TV, annonçant des fusillades (imaginaires) par exemple au Trocadéro.

Tout cela créant un électrochoc dans un pays stressé par les difficultés économiques et l’angoissante montée du chômage.

La réaction populaire a été exceptionnelle et magnifique. Elle portait en elle tant de spontanéité, de générosité, de dignité. Elle restera dans les mémoires comme un superbe ballon d’oxygène, témoignant de ce qu’il y a de plus beau dans la nature humaine.

Parallèlement, cette épisode tragique a fait prendre conscience que les démocraties sont plus que jamais confrontées à une redoutbale guerre. Non pas face à des armées identifiables, mais face à des milliers d’individus fanatisés pouvant frapper n’importe où et n’importe quand, dans leur propre pays. Des femmes et des hommes armés lourdement pour toucher des symboles de nos sociétés, pour semer la peur et la haine dans des communautés fragilisées, et en jouant sur un impact immédiatement mondialisé par la planète Internet.

Ce qui explique la présence à Paris de tous ces monarques, de tous ces chefs d’Etats et de gouvernements. Tous inquiets du risque de déstabilisation de pays confrontés à la délicate cohabitation de leurs nouvelles diversités culturelles, mais aussi mis en danger par la révolution économique et sociétale en cours. Une « crise » qui n’en finit pas.

Cette situation impose, de manière urgente, la mise en place de mesures qui heurtera obligatoirement certaines consciences, qui attisera un débat délicat opposant sécurité et libertés.

L’unité affichée ce week-end, dans l’émotion générale, sera forcément difficile à entretenir et même à préserver. C’est le défi qu’il faudra pourtant relever dans les prochains mois et les prochaines années pour que cette mobilisation historique ne reste pas sans lendemain.

10 commentaires au sujet de cet article

  1. Je crois que cette manifestation était un amalgame de réactions à des chocs souvent contradictoires. Par son ampleur, elle a soulevé de grandes attentes, mais qui ne pourront pas avoir de suite

  2. La liberté d’expression était une cause des plus valable à défendre, le peuple dans la rue en une preuve.
    Je pense aussi que cette mobilisation a été une belle soupape de décompression dans ce marasme de crise actuelle, les gens avaient peut être aussi besoin de se retrouver, de se regrouper pour comprendre et défendre une atteinte à ce qu’ils ont de plus cher.
    Enfin, je mettrais en garde le gouvernement actuel et voir le suivant, et leur dire que le français est capable de descendre très vite et en masse dans la rue quand l’urgence le demande.

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