C’est Noël pour moi quand quelqu’un me sourit, quand on me fait un minuscule cadeau tout chargé d’affection, deux fleurs écrasées dans les mains de mes enfants quand ils étaient petits, trois roses d’une amie ou un petit crayon en forme de feuille de cette autre, juste comme ça, un marque-page, une photo, tous ces gestes sans autre raison que celle de dire aux gens qu’ils comptent pour nous.

C’est Noël aussi quand je trouve la petite chose anodine qui va rappeler à celui-ci une journée de ski, à celle-là un gros fou rire à un moment où il n’aurait pas fallu, à l’autre la minuscule plantouille qui ira bien dans le petit pot vert, tous ces jalons d’amitié qui finissent par nous faire un chemin de poudre d’étoile, des « traces de bonheur qui nous éclairent » au total un bon paquet de vrai bonheur.

Non pas le bonheur éphémère et grisant d’ouvrir vingt-cinq paquets, une ivresse de quelques instants et parfois la gueule de bois qui va avec car trop c’est trop, mais le bonheur silencieux et paisible d’exister dans le regard de quelques autres et de faire partie de la famille d’humains qui savent ce que lien veut dire.

Alors voilà, j’en peux plus de tous ces organismes financiers qui m’adressent des messages enboulés, ensapinés et enrubannés pour me proposer de payer à Pâques mais hélas pas à la Trinité…de m’endetter jusqu’au cou pour ne pas avoir l’air de… de moins aimer ceux que j’aime parce que je ne me ruine pas pour eux ? S’ils n’étaient pas contents je changerais de gens à aimer non mais !

Mais là aussi, la fameuse théorie du balancier commence à se vérifier et, tiens donc, des voix s’élèvent pour retrouver le vrai sens de Noël. Sans le rejouer comme nos parents qui nous ont pompé l’air toute notre enfance avec « tu sais, nous on avait une orange et on étaient contents », peut-être que Noël pourrait, pour croyants et non croyants,  devenir une fête où un humain montre par une attention à un autre humain qu’on est ensemble… Ensemble, c’est tout.

Bon Noël !

Pasquine L’Islet