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Je dis ça je dis rien...

Le 13 Oct. 2014

Quand dicton rime avec couillon…

Tout le monde ou presque a eu une mémé et un pépé qui en abusaient. Parfois même les météorologues nous les assènent en fin de bulletin télévisé. Ou les journaux, qui veulent faire cuistre, et nous collent leur “dicton à la c..” dans l’éphéméride.
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Or, nous avons beau afficher un Q.I. insolent (surtout par rapport à l’huître, ah ah), il y a des fois où, comment dire, les dictons, on a un peu de mal.
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Alors petit cours accéléré pour les déficients du neurone, vous allez voir, c’est facile…

– 8 janvier : “Au jour de la Sainte Gudule, le jour croît, mais le froid ne recule”
Deux conclusions s’imposent. La première est d’évidence : pour la fête à Gudule, on se pèle les miches. La seconde est plus littéraire : on notera que la rime n’est pas toujours heureuse en matière de dictons. Parce que franchement, avec Gudule, on pouvait faire mieux, non ??? Ah bon, non vraiment ? Si vous le dites…
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– 11 janvier : “À la Saint-Paulin, on compte les hirondelles autour d’Amiens”
Bon là, d’entrée, si t’es pas d’Amiens, t’as du mal à te rendre compte. Mais bon, en même temps, tu serais de là-bas, tu te vois toute la journée du 11 en train de compter les hirondelles ? (ah, celle-là, je l’avais pas vue ; mais siiii, c’est la troisième fois qu’elle repasse, je te dis !). On se rend pas toujours compte, mais dur-dur d’être d’Amiens…
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– 19 janvier : “Quand le froid à la Saint-Marius frappe, la charrette dérape”
Ben t’as qu’à l’équiper de pneus neige, la charrette, hey couillon de la lune, va ! Ce qu’on ne dit pas, c’est s’il fait mal… Le froid, quand il frappe…
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– 1er mars : ” À la Saint-Aubin c’est du vin, Quand le buisson goutte au matin”
Hips, pour la Saint-Aubin, me suis hips, mis cartable au gros rouge qui tâche, couché dans le buisson, le nez dans la rosée du matin, hipsss, j’ai tout comprendu le dicton de la dame de la PresseLib’, celle qui écrit que des conneries…
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– 7 mars : ” À la Sainte-Véronique, le soleil à l’hiver fait la nique”
Deux choses encore : d’abord, vulgaire le soleil, qu’on se le dise ! Ensuite, et toujours d’un point de vue strictement littéraire, la rime n’est pas toujours heureuse. Véronique nique, c’est un peu facile, non ?
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– 3 mai : “Quand il pleut à la Saint-Philippe, N’apprête ni tonneau ni pipe.”
Au départ, on comprend : faut y aller mollo sur le tonneau ! Mais cette histoire de pipe s’est avérée plus complexe. Encore accuser la rime ? Oui, mais à ce moment-là, pourquoi pipe ? Z’auraient pu dire : “… Saint-Philippe, n’apprête pas ton tonneau, mon type”, ou “… Saint-Philippe, si tu apprêtes ton tonneau, ça va te prendre aux tripes”, ou “… Saint Philippe, n’apprête ni tonneau ni tulipe”, ou… bon ok, j’arrête, façon c’était dur de caser “constipe”, “fripe”, “émancipe”, et Oedipe. Ça rime peut-être pas, mais il me fatigue le Philippe !
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– 7 mai : “Quand Pétronille pisse, elle pisse quarante jours de suite”
Bon là, c’est facile à comprendre. Faut absolument que Pétronille consulte un urologue, et fissa…
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– 8 juin : “Quand il pleut à la Saint-Médard, il pleut quarante jours plus tard, à moins que Saint-Gervais soit beau. Et tire Saint-Médard de l’eau.”
Oh punaise, oh là, ça se complique. J’ai droit au coup de fil à un ami ? “Allo, mémé ? Alors je t’explique… Quand il pleut… bla bla bla… Saint-Médard de l’eau.” Bon j’y suis : donc si Saint-Gervais est pas dans Alerte à Malibu, ben y a le Médard qui est dans le merdier, parce qu’il va se noyer… Je crois…
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– 3 juillet : ” À la Saint-Thomas lessive tes draps”
Oui bon, en même temps, une fois par an, c’est pas énorme ! Tu serais pas un peu crado quand même sur les bords ?
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– 9 juillet : “Avec Sainte-Procule, Arrive la canicule”
… Quand même, cette histoire de rime, ça commence à me prendre la tête très sérieusement, hein… Procule, Procule…
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– 24 août : ” À la Saint-Barthélémy, la perche au noyer, le trident au fumier”
Ce que nous apprend ce dicton ? C’est que pépé et mémé, parfois, ils abusaient de la bibine, quand même. Ou du chichon, on sait plus, mais c’était du lourd !
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– 10 décembre : ” À la Saint-Romaric, laisse en paix ta bourrique”
C’est comme pour Amiens, faut être concerné. Donc avoir une bourrique. Si c’est le cas, ouais, vous pouvez lui foutre la paix, un peu, elle est crevée cette bourrique. En revanche, si vous n’en avez pas, vous pouvez remplacer par : tes barbituriques, ton système électrique, ta femme hystérique, tes positions tantriques…
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Enfin bon, moi je dis ça, je dis rien…
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Gracianne Hastoy

4 commentaires au sujet de cet article

  1. Chère Gracianne,
    Il est vrai que dans nos campagnes jusqu’au début du XX siècle on se donnait rendez-vous le jour de la Saint quelque chose plutôt que le 1 ou 12 janvier, février etc. Il y avait là un moyen de contourner ces chiffres aussi romantiques que la discussion du budget de la France à l’Assemblée Nationale ( tout le monde ne savait pas compter!). En plus, on se battait le ventre devant les années “bisexuelles” et les 28 ou 29 jours de février ne changeaient rien à la place dans le calendrier des saisons de nos Saints. Certains dictons, lourds de promesses à venir s’offraient même le luxe d’oublier la rime :
    ” A la saint Valentin, caresse lui la main. Vivement la sainte Clarisse !”
    Merci pour ce délicieux billet qui nous arme pour affronter la semaine.

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