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Je dis ça je dis rien...

Le 16 Juin. 2014

La poule aussi philosophe…

Voilà, à l’heure où vous lirez ce billet, des milliers d’étudiants, de pauvres hères à peine sortis des tracas de l’adolescence et plus intéressés par le développement de l’acné en terre fertile, les vertus comparées des préservatifs aromatisés à la fraise ou à la vanille, questions hautement existentielles, sont en train de plancher sur leur épreuve de philosophie.

Mais un peu comme la vérité sort de la bouche des enfants, certaines approximations sortent de la bouche de nos ados philosophes en herbe (mais non, pas en cannabis, comment vous y allez !).

Attention âmes orthographiques sensibles, nous avons – pour la cohérence de ce billet – conservé l’orthographe exacte des perles du jour.

Le langage, sujet bateau qui tombe régulièrement. Et qui provoque un certain enthousiasme dans les rangs, à en croire certaines citations qui, n’en doutez plus, révolutionneront la philosophie à tout jamais. Socrate, Platon, Sénèque, Kierkegaard, Descartes, Kant, et les autres, prenez garde, vous serez bientôt supplantés. Pourquoi je n’ai pas cité BHL ? Mais parce qu’on parle de philosophes, suivez un peu…

Sélection…

« Le langage ne se limite pas à la parole. Si on prend l’exemple du Gangnam Style, c’est une dance (sic) qui est très connue dans le monde mais dont personne ne comprend les paroles ». Ah, la culture et ses références !

Tenez, toujours sur le même sujet, voilà une allusion hautement philosophique qui vous laissera pantois : « Bernardo, le copain de Zorro, ne parlait pas : il devait donc utiliser un autre langage pour se faire comprendre ». C’est pas vrai, peut-être ? Moi, là, je mets carrément un 15, au moins…

Autre sujet phare, la politique et la place de l’Etat. Là encore, certains propos volent tellement haut qu’ils touchent les étoiles. « La politique n’a rien à faire en philosophie. Tout le monde sait bien que Descartes était membre du Parti socialiste, et pourtant il a écrit de très bons livres ». Comprendre : ton sujet est complètement débile, mec !

On relèvera aussi le petit état dépressif qui, comment dire, transpire de cette copie : « Enfin, il est à noter que nous devons également à l’Etat certains de nos états psychologiques : tristesse, déprime, rage, dégoût, envie de partir… » Mourir, tu as oublié, mourir, petit !

A la question « Peut-il exister des désirs naturels », on peut penser que les concepteurs de sujet se cherchent les embrouilles. Alléluia, ils les trouvent ! Comme quoi, il y a une justice…
« Selon Rousseau, il vaut mieux rêver ses désirs plutôt que les satisfaire. C’est pour cela qu’il a toujours vécu seul et malheureux ». Vlan, Rousseau était un nolife, si c’est pas un scoop, ça !

« Les hommes utilisent des mots pour exprimer leur désir et les animaux utilisent des cris. Sauf lorsque des êtres ont des relations sexuelles dans le but d’avoir du plaisir et non dans le but de faire des enfants, ils utilisent des cris car l’homme est considéré alors comme animal ». Et l’animal quand il copule, il cause ? Comment on dit « alors chérie, j’étais comment ? » en rhinocéros ?

« Le désir est transe sans dent par rapport au corps ». C’est pas grave, s’il prend un zéro en philo, ce candidat envisage de se rattraper en SVT !

A la question « Travailler, est-ce seulement être utile ? », on a droit à un festival. On n’a pas idée aussi de poser des questions pareilles !

« On constate que tous dans la société ne travaillent pas pour être utiles. Certains travaillent aussi pour leur plaisir. Les prostituées par exemple joignent l’utile à l’agréable… » Et voilà, mesdames les péripathétiputes, appréciez !

« La preuve que le travail n’est pas utile, c’est que Jésus-Christ n’a jamais travaillé. Il a voyagé de pays en pays pour répandre l’amour, mais n’a jamais travaillé. Or personne n’a été plus utile que lui, personne ne le contestera ». Feignasse, Jésus, on te l’avait pas encore faite celle-là, hein ?

« La meilleure façon de juger de l’utilité d’un travail se mesure aux résultats. Ainsi je pourrai juger de l’utilité de mes professeurs en fonction des résultats que j’obtiendrai au baccalauréat ». Bien essayé, élève Dugland !

« Il faut travailler car on ne peut pas vive (sic) éternellement au crochet de ces (sic) parents. Au moyen ages (sic), un boufon (sic) pas drôle par exemple n’avais (sic) pas ça (sic) place au chateau (sic) par temps de famines ». Toi, par contre, dans le genre bouffon comique de surcroît, t’aurais fait fortune !

« Descartes avec le cogito, soit le « je pence donc je suis » (sic) nous montre que si je pence (sic) être utile je le suis ». Oui d’accord, mais si le panse-ment, est-il utile ?

« Certains ne trouvent pas que le travail soit utile, d’ailleurs ils se suicident, comme à France Télécom ». C’est vrai ça, si on payait un peu plus les gens à rester en vacances, y aurait nettement moins de problèmes ! Glander plus pour vivre plus, Sarko, si tu reviens, l’oublie pas en route celle-là !

Après, il y a ceux qui auraient dû tomber sur un sujet dans le genre « l’espoir fait vivre », ça leur aurait évité les justifications hasardeuses :

« Je devrais ici citer une référence mais je n’en ai que deux pour tout le devoir, alors je la garde pour plus loin ». Si j’étais correcteur, j’aurais mis dans la marge : « Je devrais te mettre une bonne note, mais je n’ai plus qu’un 18 en réserve, alors je le garde pour un autre candidat ».

« L’ensemble de ce paragraphe peut sembler incompréhensible, mais en cherchant bien, il y a des choses qui méritent une bonne note ». Là, dans la marge, j’écrirais : « J’ai bien cherché, j’ai pas trouvé, dommageeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee… Zéro, la tête à Toto ! » (citation du philosophe cathodique Nagui).

Enfin moi, je dis ça, je dis rien… (Citation hautement spirituelle qui, à bien y réfléchir, mais vraiment bien, pourrait parfaitement tomber au bac de philo, non ?)

Gracianne Hastoy

2 commentaires au sujet de cet article

  1. Chère Gracianne,
    Excellent comme d’habitude !
    Une remarque et une précision cependant.
    Nous affirmer que ” certaines approximations sortent de la bouche de nos ados ”
    alors qu’ils viennent d’expérimenter “les vertus comparées des préservatifs aromatisés à la fraise ou à la vanille” relève d’une certaine audace…

    Comment on dit « alors chérie, j’étais comment ? » en rhinocéros ?
    Je réponds : On le dit pas ! car le problème du rinoféroce reste le divorce. J’ai en mémoire ce procès à l’annexe psychiatrique du zoo de Madrid où le singavocat de monsieur s’exprimait ainsi :
    Pour mon client rinoféroce le mariage devait être une “corne d’abondance”.
    Hélas, ce ne fut qu’une abondance de cornes …
    On a tous nos petits problèmes, Non ?

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