Un peu partout en France et dans le monde, les services de location de trottinettes ont le vent en poupe. Concrètement, les utilisateurs peuvent géolocaliser l’engin le plus proche, le déverrouiller via un QR code, faire leur trajet et laisser leur trottinette à destination.
Depuis quelques années, la multiplication des loueurs de vélos, scooters et trottinettes en libre-service fait débat sur Bordeaux, avec ses « pro » et ses « anti », qu’on voit notamment manifester leur humeur sur les réseaux sociaux. Reproche le plus courant adressé à la dizaine d’opérateurs y proposant des trottinettes à la location : les engins qui traîneraient partout dans la ville et à sa périphérie, laissés sur place par leurs utilisateurs et qui gênent les piétons.
Le problème ne date pas d’hier, puisqu’au printemps 2019, la métropole bordelaise avait mis en place une charte déjà assez restrictive, en faisant grimper la redevance par engin à 30 euros, et surtout en limitant à 100 trottinettes électriques (en même temps qu’à 600 vélos et 200 scooters) la flotte d’engins autorisée pour chaque opérateur. Fin 2019, avait ensuite été votée la loi d’orientation des mobilités, dont un article encadre le free floating.
Un marché, 10 opérateurs…
De même, 200 emplacements de stationnement dédiés avaient été mis en place sur Bordeaux et sa petite couronne, déjà dans le but d’éviter une certaine anarchie. Mais des problèmes subsistent apparemment. L’opérateur allemand Wind, qui cherche à sensibiliser ses utilisateurs locaux à ce sujet, déclare se plier du mieux possible à ce principe des zones de stationnement : « L’application Wind détecte lorsque la trottinette est laissée en dehors d’une zone de stationnement et l’utilisateur ne peut pas verrouiller le véhicule ou terminer le trajet à moins qu’il ne soit déplacé vers une place de stationnement autorisée », expliquait-il en novembre dernier.
Ces derniers mois, l’offre locale s’est encore enrichie avec l’arrivée de plusieurs nouveaux acteurs. L’opérateur franco-néerlandais Dott s’est installé sur place en septembre dernier, suivi de l’Estonien Bolt quelques semaines plus tard. En fin d’année, c’est la startup parisienne Jawls qui leur a emboîté le pas avec ses trottinettes à batterie amovible, rechargeables chez des commerçants partenaires. Enfin, après un échec à Bordeaux en 2018, la société californienne Lime est revenue en Gironde en février.
Cela se bouscule donc au portillon, sachant que les acteurs ne manquaient déjà pas sur place, tels l’Allemand Tier, l’autre Californien Bird ou encore l’Espagnol Yego. Pour défendre nos couleurs nationales, on citera par ailleurs l’offre BlaBla Ride (qui associe BlaBlaCar et le Suédois Voi Technology, lesquels viennent d’ailleurs de lancer à Bordeaux leur nouveau modèle de trottinette), et puis bien sûr la startup Pony, créée par des Bordelais et installée à Londres.
Cela fait donc une dizaine de loueurs contraints de rentabiliser sur place de petits parcs de 100 trottinettes, souvent associés à des flottes de vélos et/ou de scooters. Car les opérateurs, pour les faire fonctionner, supportent d’importantes charges fixes liées à la maintenance des engins qu’il faut recharger à leurs emplacements et parfois réparer en atelier. Pourtant, tous semblent s’accrocher à Bordeaux et soignent leur communication pour séduire la Métropole et les différentes municipalités locales, notamment en avançant des arguments environnementaux.
Le marché bordelais du free floating pourrait être prochainement secoué par un appel d’offres de la Métropole, qui envisage de réduire le nombre d’opérateurs installés sur place. Il y a de quoi trembler pour les loueurs, car c’est par exemple ce qu’a fait Paris l’an dernier. En mars 2020, pas moins de 16 opérateurs y avaient répondu à un appel d’offres. En juillet, seulement 3 ont été retenus (Dott, Lime et Tier) sur des critères essentiellement environnementaux, de sécurité et de maintenance des engins. Chacun des 3 lauréats a été autorisé à déployer 5.000 engins dans la Capitale, et ce pour une durée de deux ans.
Plus près de nous, à Toulouse, la mairie s’est prononcée l’été dernier contre le déploiement de trottinettes en libre-service. Parmi les raisons invoquées, des engins qui seraient peu adaptés aux rues pavées de la Ville rose et qui, souvent loués sans casques, poseraient un problème de sécurité en cas d’accident, le tout avec les habituels problèmes de stationnement liés au free floating. La municipalité semblait alors plus favorable à l’acquisition de trottinettes personnelles par les particuliers. On se souvient qu’en octobre 2018, Lime avait tenté d’installer à Toulouse une flotte… que la société a dû remballer deux jours après.
On le voit, le free floating à la française ne fait pas que des heureux… Et l’on peut supposer que la bagarre entre opérateurs fera encore des malheureux si les conditions de déploiement de flottes continuent de se durcir, en particulier dans des métropoles comme Bordeaux, stratégiques pour les loueurs.
Affaire à suivre…
Panorama de l’offre locale de free floating par l’Office de Tourisme et des Congrès de Bordeaux Métropole – cliquez ici
Entreprises citées :
https://www.li.me/fr/page-daccueil
https://www.voiscooters.com/fr/
https://www.tier.app/fr/
https://ridedott.com/fr/roulez-avec-nous/bordeaux
https://getapony.com/fr
https://www.fleetmanager.jawls.fr/
https://www.rideyego.com/
https://www.bird.co/fr/
https://bolt.eu/fr/scooters/
Il y a Zoov pour les vélos électriques aussi !