Après le rachat de Vinadeis par Cordier (la branche vins d’InVivo), la « coopérative des coopératives » refait parler d’elle avec sa plus grosse acquisition depuis l’arrivée de Thierry Blandinières, ancien directeur de Maïsadour et toujours vice-président du Stade Montois.
Les négociations exclusives avaient débuté début janvier : un accord vient d’être trouvé entre InVivo et le Groupe Soufflet pour l’acquisition de ce dernier, qui doit encore être entérinée par les autorités de la concurrence compétentes (la finalisation de l’opération pourrait intervenir avant la fin de l’année).
Car on parle ici d’une grosse opération. Le groupe familial agroalimentaire Soufflet pèse aujourd’hui 4,93 milliards d’euros de chiffre d’affaires et compte 6.850 employés dans 19 pays. Il opère principalement dans les filières céréalières (orge, blé, riz, légumes secs), mais aussi dans l’accompagnement des viticulteurs. C’est de même un important acteur agro-industriel de la boulangerie-pâtisserie.
Avec ce rachat, l’ambition d’InVivo est de former « un pilier de la souveraineté alimentaire française ». On rappelle que l’union InVivo fédère 192 coopératives, dont Maïsadour, Lur Berri ou encore Terres du Sud. Avec plus de 5.800 collaborateurs, elle génère 5,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans 19 pays.
En d’autres termes, le rapprochement aboutit à la création d’un groupe de plus de 10 milliards d’euros de recettes, ce qui le ferait entrer dans le top 15 mondial des coopératives agricoles. Une autre dimension, donc… En Europe, seul le conglomérat allemand BayWa ferait mieux avec ses 17,1 milliards d’euros de revenus.
Des ambitions dans le vin…
« Cette acquisition permettra à InVivo de renforcer son positionnement comme moteur de la transition agricole et alimentaire en déployant plus massivement ses solutions, pour répondre aux enjeux économiques, sociétaux et écologiques auxquels fait face la ferme France », ajoute la coopérative des coopératives, qui avance que le nouvel ensemble sera « en meilleure position pour faire face à la concurrence européenne et internationale, accrue sur ses métiers ».
Directeur général d’InVivo depuis 2013, Thierry Blandinières, 60 ans, avait initié peu après son arrivée un projet stratégique « 2025 by InVivo », avec 3 grandes ambitions : devenir une référence dans l’innovation à vocation agricole, investir dans l’alimentation du futur et les métiers agricoles, et enfin « contribuer à la croissance économique et au rayonnement de l’agriculture et de l’agroalimentaire français dans le monde ».
Au-delà, le dirigeant, auquel la presse a consacré tout récemment plusieurs portraits fort élogieux (Entreprendre, Le Figaro), a surtout réalisé une cinquantaine d’opérations de croissance externe depuis qu’il est aux commandes d’InVivo. L’union génère 1,4 milliards d’euros dans la distribution (Gamm Vert, Jardiland, Delbard, Frais d’ici, Bio & Co) avec plus de 1.550 points de vente. Elle est naturellement aussi présente dans les semences et la protection des cultures avec Bioline, ou encore dans le négoce, notamment international.
En 2015, InVivo a de surcroît fait une entrée remarquée dans le secteur du vin en se payant Cordier Mestrezat, l’un des principaux négociants de la place bordelaise. La filiale « Cordier by InVivo » vient d’ailleurs d’acquérir Vinadeis (l’ex-Val d’Orbieu-Uccoar, à Narbonne, fédère 3.000 viticulteurs et serait la première coopérative viticole de l’Hexagone), autre belle opération qui devrait la placer « dans le top 3 des opérateurs de vins français », avec autour de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires et 600 salariés.
InVivo espère atteindre le milliard d’euros de revenus dans les vins d’ici 2025, et ainsi se rapprocher de Pierre Castel, leader français du secteur. D’après Entreprendre, InVivo n’exclurait pas le rachat d’une marque de champagne, qui pourrait servir de « produit d’appel » sur certains marchés étrangers comme la Chine, pour ensuite y placer des vins.
Un directeur général atypique…
Décrit par nos confrères du Figaro comme un « patron qui se sait atypique dans le monde coopératif », Thierry Blandinières aura donc fait en 7 ans de l’institution InVivo un groupe mondial. Diplômé de l’ex-ESC Nantes (aujourd’hui Audencia), l’homme avait commencé sa carrière chez le géant américain des produits de grande consommation Procter & Gamble (Gillette, Pampers, Braun, etc.), avant de bifurquer dans l’agroalimentaire au début des années 90.
Il a notamment piloté le groupe Madrange et présidé Delpeyrat. En 2008, il avait été nommé directeur général de Maïsadour, avant de rejoindre InVivo fin 2013. Natif de Brive et père de 3 enfants, il est toujours vice-président du Stade Montois… et forcément mordu de rugby.
Thierry Blandinières a indiqué au Figaro que Soufflet resterait une entité à part et qu’il s’agissait désormais d’exploiter les synergies entre les deux structures. Évidemment, ce rapprochement d’envergure ne manque pas de faire réagir les acteurs du secteur. Mais pour le patron d’InVivo, qui défend sa stratégie, il s’agit de créer une « locomotive » nationale de la transition agricole et du biocontrôle dans les années qui viennent, avec plus de moyens pour innover… au bénéfice des agriculteurs et des consommateurs. Et après tout pourquoi pas ?
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