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COUP DE CŒUR - Sauver l’oie grise de Toulouse, trésor du Gers !

Le 29 Jan. 2021

A Aignan, Claudine et Rémy Zanettin font partie des derniers éleveurs de cette race, réputée pour la qualité de sa chair et de son foie, qui s’éteint hélas progressivement…

Le Sud-Ouest – et en particulier le Gers – ne perd-il pas un peu de son âme, n’abandonne-t-il pas un peu des richesses que lui offre son terroir, en abandonnant l’élevage des oies de Toulouse, symbole de l’excellence du Gers, il n’y a pas si longtemps ?


Le 15 janvier, à visiter l’élevage d’oies agricoles de Toulouse de Claudine et Rémy Zanettin à Aignan – un des tout derniers – on est envahi par deux sentiments : l’admiration, mais aussi la tristesse. Car voilà 40 ans que ces deux-là élèvent cette oie magnifique, l’oie de Toulouse sans bavette, avec tout le soin et tout l’amour – le mot n’est pas trop fort – dont ont besoin ces volatiles pour prospérer.

Pourquoi de la tristesse ? Parce que cette oie, d’où vient une grande part de la renommée gastronomique du Sud-Ouest, élevée – pour combien de temps encore ? – pour sa chair et pour son foie, disparaît lentement mais sûrement.

Il est important de noter que l’élevage Zanettin fait partie des quatre derniers élevages d’oies grises de Toulouse dans le Gers. Et il est le seul indépendant : les autres travaillent avec Vivadour.


Pourquoi ce déclin de l’élevage de l’oie de Toulouse ?

Depuis les années 1980, le canard mulard (produit de l’accouplement d’un canard de Barbarie avec une femelle d’une autre race ou de l’insémination artificielle et du clonage) envahit les élevages parce que sa production est industrialisable et que les gros couvoirs livrent des quantités importantes de canetons d’un jour. De plus, la cane est plus prolifique que l’oie, et le canard est plus facile à gaver.

Souvent les couvoirs ne font pas d’élevage, les éleveurs ne font pas d’abattage, toutes opérations où règne la sacro-sainte division du travail, qui entraîne de multiples déplacements, d’où le stress des animaux et plus de risques de contamination. Surtout que ces canards vivent dans un univers totalement aseptisé : ils sont « naïfs » au sens scientifique (ils n’ont pas d’immunité) et sont donc plus vulnérables que les palmipèdes élevés à l’ancienne. Sans oublier que la sélection les a rendus pauvres génétiquement.


Chez les Zanettin, c’est un autre monde…

Dans cet élevage d’Aignan, la filière de l’oie est tout entière située dans leur domaine. Les oies pacagent dans les prés, s’accouplent librement, les mères couvent et les oisons sont vendus à l’extérieur. « Chez nous, les mères sur les parcours, les oisons naissent sur l’exploitation, les oisons mâles et femelles sont vendus dans tout le Grand Sud-Ouest [alors que les élevages de canards ne gardent que les mâles]. Les oies vivent donc une vie normale d’oie ! » souligne Rémy.

L’Administration ne semble pas apprécier cette autarcie. Elle s’intéresse aux grands élevages de canards et semble considérer que l’élevage de l’oie grise de Toulouse est une survivance « préhistorique », pour peu de temps. Elle s’étonne que les deux précédentes épidémies de grippe aviaire n’aient pas touché les oies des Zanettin…


Une dernière invraisemblance : Claudine n’a plus le droit de faire de conserves. Elle a pourtant un laboratoire. Mais on lui impose de faire un stage pour apprendre à faire des conserves avec des machines hyperdimensionnées dont son entreprise n’a pas l’usage.

L’oie de Toulouse a besoin pour s’épanouir d’être élevée de manière traditionnelle en plein air : il faut 100 m² de surface enherbée pour chaque oie. En effet, l’oie « Zanettin » se nourrit à la fois d’herbe, sur plusieurs hectares, et de céréales cultivées à la ferme.

Rémy nous dit que ses oies ne sont pas à l’abri d’une contamination par des oiseaux sauvages. C’est pourquoi, pendant la crise actuelle, le territoire ouvert aux oies a été réduit. Résultat : ce territoire restreint n’a plus un brin d’herbe. Pour peu de temps, espérons-le !


Quel avenir pour l’oie de Toulouse ?

Il y a 40 ans, les élevages d’oies de Toulouse étaient très nombreux dans le Gers. À présent, il faut surtout œuvrer pour la survie des souches d’oies sélectionnées depuis des décennies par les Zanettin et pour la transmission nécessaire de leur savoir-faire, affiné au cours de 40 ans d’expérience. Deux éléments majeurs pour le terroir et la renommée du Gers : il ne faut pas les laisser perdre. Or, Rémy a déjà 70 ans, tandis que Claudine est plus jeune.

Les Zanettin prennent des contacts. Leur espoir est que des jeunes s’intéressent à leur travail et s’installent en utilisant leurs souches et leur savoir-faire éprouvés. Avis aux amateurs !

EARL Zanettin C&R, lieu-dit Lartigue à Aignan – Tél. : 05 62 09 22 93.
Mail : zanettin.remy@wanadoo.fr


Article réalisé en collaboration avec le Journal du Gers et Roland Houdaille

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Un commentaire au sujet de cet article

  1. bravo à ces Mohicans de l’oie et honte à l’administration qui décidément restera toujours à côté de la plaque.
    Je souhaite ardemment que de jeunes Gersois vous lisent et s’intéressent à la survie de cette espèce, comme cela a été fait pour le porc noir au pays Basque ou en Bigorre.

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