Dans la rue Victor Hugo qui mène à la gare, l’atelier de Vincent est situé dans le garage même de sa maison. Un lieu particulièrement convivial où l’on aime s’arrêter pour discuter vélo, sport, rock avec le patron tout heureux de se retrouver là.
C’est pour s’engager au 1er Régiment de Hussards Parachutistes que ce Soissonnais est arrivé jusqu’en Bigorre, avant de se reconvertir dans le bâtiment et monter sa propre entreprise. Dix années s’écoulent durant lesquelles le travail ne manque pas, jusqu’à cet accident de chantier qui remet toute sa vie en question.
« J’avais les disques écrasés, j’ai dû subir une opération lourde avec double prothèse, je n’étais pas sur un fauteuil roulant mais presque. Tout s’est arrêté du jour au lendemain, pendant trois ans. Le travail, la course que je pratiquais intensément… C’est très dur quand vous êtes père de famille » confie Vincent.
Si l’opération réussit à le remettre sur pied, il se retrouve malgré tout classé en invalidité, et n’a plus le droit de travailler. La dépression, un mal tout aussi pernicieux, s’installe. Il contacte alors la Sécurité Sociale, qui dirige ce passionné de vélo vers un stage. Entre soudure et mécano-cycle, Vincent choisit le second en raison de sa santé.
Il obtient son diplôme au CNPC de Pau, et décide de s’installer en tant qu’auto-entrepreneur au mois de juin 2020. « Ce n’était pas pour développer une activité lucrative, précise-t-il, je voulais juste avoir un statut social. Vous savez, c’est très difficile à 48 ans de dire que vous ne faites rien… ».
Mais le sort s’en mêle lorsqu’il s’inscrit, en surfant sur Internet, pour être référencé dans le cadre de l’opération “coup de pouce vélo” gouvernementale. Les demandes affluent, et l’auto-entrepreneur décide alors de créer une Société par Actions Simplifiée, dans laquelle il n’intervient qu’en tant que gérant non rémunéré.
Il embauche donc son fils – qui évolue au Tarbes Pyrénées Rugby en plus de ses études d’expert-comptable -, pour un CDI en comptabilité et aide-mécano. C’est lui qui s’occupe des réparations, en suivant les conseils avisés de son père qui supervise. Puis, dans la foulée, un jeune voisin, passionné de vélo, les rejoint en intérim.
Depuis l’ouverture de l’atelier, ce sont plus de cinq cents cycles, dont des vélos de courses triathlon très haut de gamme, qui ont été retapés et révisés. Jusqu’au plus ancien, datant de 1940, qui était devenu nécessaire à son propriétaire amateur de pêche.
L’histoire pourrait s’arrêter là, mais Vincent fourmille encore de projets. Ce fan de Harley Davidson envisage de créer de A à Z – pourquoi pas en association avec d’autres artisans ? -, une marque locale qui déclinerait toute la gamme des célèbres motos en version vélo chopper !
L’idée suit déjà son cours, et pourrait bien se développer au printemps prochain. Tout comme celle qu’il souhaite proposer aux étudiants dès la rentrée 2021-2022 : la location de cycles à l’année, à un prix plus que raisonnable. Ou encore, retaper des vélos pour les vendre ensuite à des personnes dans le besoin, pour quelques euros.
Loin d’avoir « un petit vélo dans la tête », Vincent Croquet a des passions qui le boostent, et un cœur gros comme ça…