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"Donner du sens à la relance du BTP !"

Le 12 Juin. 2020

C’est l’un des objectifs du nouveau président de la Fédération du bâtiment et des travaux publics des Pyrénées-Atlantiques. Rencontre avec Sébastien Labourdette…

A 43 ans, le fondateur du Groupe Sogeba veut faire partager son énergie et son enthousiasme pour réussir la reprise de ce secteur clé pour la dynamique économique du territoire.


Quelle est la situation actuelle du BTP ?
Sébastien Labourdette – La quasi-totalité des chantiers (environ 85%) a repris depuis la sortie du confinement. Il faut dire que nous avions préparé très en amont l’adaptation de nos activités, en intégrant les mesures sanitaires imposées par le gouvernement. Cependant, l’inquiétude vient des commandes publiques qui ont baissé de 70% lors des deux derniers mois, alors qu’elles représentent 60% de l’activité de notre secteur. Nous vivons sur le réservoir des commandes anciennes qui fondent comme neige au soleil. Le décalage du 2e tour des élections municipales est un frein supplémentaire qui bloque bon nombre de projets.


C’est-à-dire ?
S. L. – Les nouvelles commandes ne pourront être passées qu’une fois les exécutifs mis en place. Or, dans la plupart des grandes villes, l’élection des conseillers municipaux n’interviendra que le 28 juin et les exécutifs ne seront donc opérationnels que la 2e semaine de juillet. Quant aux intercommunalités, qui portent l’essentiel des décisions d’investissements, elles ne seront installées qu’après le 18 juillet. Beaucoup d’entre elles auront besoin de temps pour finaliser les projets qu’elles comptent lancer.


Comment faire pour redémarrer rapidement l’activité ?
S. L. – Nous travaillons très efficacement sur le plan de relance, avec M. le préfet des Pyrénées-Atlantiques. Les dispositifs pour financer les projets publics se mettent en place, ainsi plus de 10 millions d’euros prévus dans le cadre de la Dotation d’équipement des territoires ruraux (DETR) sont budgétés. Tout est fait pour sensibiliser les élus à la nécessité d’accélérer le lancement de nouveaux projets, et éviter qu’ils ne voient le jour qu’à l’automne.


Qu’attendez-vous en priorité ?
S. L. – On ne demande pas de l’argent, mais du travail avec la relance de l’investissement public. C’est important, car tous les chantiers ont un effet immédiat sur l’activité économique et sur l’emploi, mais aussi sur les finances publiques avec la fiscalité (CFE, CVAE, VT, TVA, taxes…). Concernant la sphère industrielle et privée, on sait que ce sera plus long puisque chaque filière doit d’abord se relancer elle-même. Nous travaillons aussi avec les bailleurs sociaux pour favoriser l’indispensable redémarrage du bâtiment.


Des grands chantiers ?
S. L. – Il faut aller vite. Et pour cela, il est nécessaire de cibler des projets qui sont déjà avancés et qui peuvent être accélérés plus facilement. Par exemple, les 3 échangeurs de l’autoroute A64 avec une anticipation du calendrier, ou encore le contournement d’Oloron : un chantier de plus de 90 millions d’euros. Comme dans les autres secteurs, les dispositifs nationaux intègreront forcément une approche environnementale qui devrait ouvrir de nouveaux horizons pour l’avenir du BTP.


Il faut aussi réduire les délais…
S. L. – Oui, c’est essentiel. Dans ce domaine aussi, M. le préfet et ses équipes sont très moteurs. Les délais ont déjà été réduits au niveau de la délivrance des permis de construire ; c’est en cours également au niveau des différentes étapes administratives. Mais, je reviens à la nécessaire mobilisation des élus. Dans une telle période, le premier réflexe peut être de reporter les investissements pour assurer d’autres besoins. Or, il y a un besoin vital de garder un haut niveau d’investissement pour relancer l’économie et éviter une catastrophe sociale.


Quelques mots sur votre entreprise…
S. L. – Nous avons créé l’entreprise avec ma femme, Nathalie, en 2001. Nous l’avons développé en interne, puis avec des croissances externes. Ce qui nous permet d’avoir aujourd’hui un groupe multimétiers couvrant le Grand Sud-Ouest, même si 80% de notre activité se fait sur les Pyrénées-Atlantiques. Nous avons deux secteurs majeurs : la voirie et l’aménagement urbain, avec des chantiers comme le stade du Hameau et le bus à haut niveau de service (BHNS) ; l’eau et l’assainissement avec notamment la rénovation des réseaux, des chantiers qui ont du sens sur le plan environnemental.


Votre motivation ?
S. L. – Donner du sens à l’entreprise, en plus de la performance économique, et être un acteur responsable contribuant à la dynamique du territoire. Au fil des ans, le groupe Sogeba a recruté 150 personnes, localement, et a généré autant d’emplois indirects. Parallèlement, j’ai toujours pris des engagements, notamment à la Fédération du bâtiment et des travaux publics du 64, à la fois pour participer à l’action collective de la profession, et à la fois pour m’enrichir des échanges avec les autres dirigeants.


Pouvez-vous nous en dire plus ?
S. L. – Cela fait 19 ans que j’assure différents mandats au sein de la FBTP. A commencer par la présidence du groupe des jeunes dirigeants, pendant 6 ans. J’ai aussi présidé le groupe travaux publics, avant de devenir vice-président de la Fédération départementale. Ma candidature à la présidence s’inscrivait naturellement dans cette volonté d’engagement pour apporter ma pierre à la nécessité pour notre profession d’être toujours plus créative, agile, dynamique… Je participe aussi au Bureau de la CCI, en tant que trésorier. Je crois beaucoup à la formation du dirigeant à travers de tels mandats. Cela permet de s’ouvrir à d’autres problématiques, d’échanger les expériences, d’avoir un autre regard pour anticiper l’avenir. Si on n’avance pas, on recule.


Des priorités ?
S. L. – Un dossier me semble essentiel, d’autant plus dans ce contexte exceptionnel : le développement de la formation et de l’apprentissage. Comme on dit en Béarn, il faut remettre l’église au milieu du village. Nos métiers sont en mutation permanente et rapide. Par exemple, avec le développement du digital : aussi bien au niveau des chantiers, avec l’installation des réseaux numériques, qu’au niveau des technologies qui révolutionnent d’ores-et-déjà notre manière de travailler. Comme l’a rappelé une récente étude de la CCI, 60% des métiers seront nouveaux d’ici 2030. Il est donc essentiel d’attirer de plus en plus de jeunes vers nos entreprises dès maintenant. D’où la nécessité de nous mobiliser fortement autour de l’apprentissage, en utilisant les dispositifs mis en place afin de limiter le coût pour les entreprises fragilisées par la crise.


Un message ?
S. L. – Ne pas hésiter à utiliser les services de la FBTP 64. Ils sont là pour accompagner les entreprises et particulièrement les TPE dans cette période compliquée. De la formation aux problématiques juridiques, fiscales, sociales… les équipes de la fédération répondent présentes en permanence pour apporter les informations et les conseils indispensables.
Il faut croire en l’avenir, et Il nous appartient de l’écrire…

Informations sur la FBTP64, cliquez ici

 

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