Dans un secteur dont on perçoit mieux en ce moment le caractère vital, à savoir l’approvisionnement des magasins en produits de la mer, carnés et surgelés, le groupe Olano s’adapte et met les bouchées doubles sur certains segments. Ce qui n’empêche pas Nicolas Olano de participer à la démarche Entrepreneurs Solidaires.
« Entrepreneur dans plusieurs domaines de compétence, c’est avec grand plaisir que je me tiens à disposition de chefs d’entreprises qui le souhaitent. Ceci dit, mon activité principale continue de fonctionner dans la difficulté managériale, sanitaire et sociale (2.350 personnes aux opérations) et bien sûr économique. Sur les 15 jours de crise du mois de mars, nous avons perdu 3 millions d’euros de volume d’affaires avec 1,5 million d’euros de manque de résultats. Imaginez que ça m’occupe. Ceci dit être mentor est ma vocation depuis longtemps » a précisé Nicolas Olano.
En ces temps très particuliers, il est l’un des plus à même de mesurer l’impact concret de l’épidémie et des mesures de confinement sur la distribution de produits alimentaires. Mais Nicolas Olano tient d’abord à saluer l’engagement de ses salariés : « Nos gars ont le sens du devoir et assurent leur mission sans rechigner. On tient à le faire savoir partout car nous en sommes très fiers », explique le fondateur et dirigeant du groupe luzien de transport et de logistique.
Un constat aussi bien valable pour les chauffeurs de poids lourds sillonnant nos routes que pour les personnels qui continuent d’œuvrer au quotidien dans les entrepôts de l’entreprise, dont « les valeurs et l’ADN ressortent beaucoup en ce moment ».
Et quant au quotidien, on peut pourtant dire qu’il n’a pas manqué d’être bousculé ces deux dernières semaines. D’abord, de nouvelles procédures ont été mises en place avec le concours de l’équipe QSE de l’entreprise. « Nous avons fait en sorte de limiter au maximum les contacts et d’instaurer un strict respect des distances, que ce soit au sein de nos entrepôts ou pendant les trajets et stations de nos chauffeurs », détaille le dirigeant.
Pour ne pas exposer lesdits chauffeurs, ce sont les salariés des entrepôts qui assurent les passages à quai des marchandises, le tout avec la contrainte d’un respect scrupuleux de la chaîne du froid.
Logistique : un nerf de la « guerre sanitaire »…
Du côté de l’activité, l’entreprise a également dû s’adapter à de fortes et brutales évolutions sur ses différents marchés. D’abord, les volumes de surgelés traités auraient explosé avec la crise actuelle, enregistrant une croissance de 50%, alors même que le segment de la RHF (restauration hors foyer) se trouve actuellement au point mort. En d’autres termes, la demande a encore plus fortement crû dans la GMS et les magasins de produits surgelés. « Le constat est le même pour les produits carnés, avec en plus la problématique des boucheries traditionnelles qui continuent de tourner et qu’il faut bien livrer », souligne Nicolas Olano.
En revanche, les volumes de produits de la mer traités ont dans le même temps plongé… de 75%. « Cette chute était prévisible. Dans l’affolement, les gens se sont jetés sur les produits aux longues durées de consommation », analyse le dirigeant. Avec des effets sur la filière pêche, mais aussi sur l’alimentation des Français.
Si le temps du confinement persistait, sans doute faudrait-il songer aux moyens de rééquilibrer la balance et de communiquer en douceur, car « les annonces des autorités ont jusqu’ici eu un effet très direct sur les pics de vente ». Ce dont on avait pu se rendre compte avec le vent de panique d’il y a maintenant plus d’une semaine. Pour le reste, aucune « priorisation » des flux n’a été mise en place : « Actuellement, tout est plus ou moins urgent », résume Nicolas Olano.
Du fait de ces circonstances plus que particulières, le patron du groupe luzien affirme travailler à perte avec « tous les compteurs au rouge », craignant notamment l’impact économique d’annonces comme la fameuse prime de 1.000 euros proposée par Bruno Le Maire. Car si elle pourra bien être mise en place chez les grands distributeurs (qui ont déjà confirmé qu’ils la verseront bien), les acteurs du transport comme Olano vont sans doute avoir besoin de clarifications et de compensations pour mettre un tel mécanisme en place.
Bref, ce soir et les suivants, après avoir applaudi nos personnels de santé, on aura aussi une pensée pour nos chauffeurs poids lourds, nos opérateurs logistiques et autres caristes qui mouillent chaque jour le maillot dans l’ombre…
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