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Ariane 6 traversera l’Atlantique, en partie depuis Bordeaux

Le 29 Oct. 2019

Le groupe français a retenu le projet du nouvel armateur Alizés et de VPLP Design pour le transport maritime des éléments de sa fusée depuis l’Europe sur un cargo hybride…

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Le futur « Canopée » sera équipé de 4 ailes articulées portant un total de 1.452 m2 de voiles. Celles-ci seront associées à une motorisation hybride GNL-diesel. Le navire fera notamment escale sur le terminal portuaire de Grattequina, à Blanquefort. Les premières livraisons transatlantiques commenceront en 2022.


Le programme Ariane 6, mené par l’ESA (Agence spatiale européenne) avec l’appui d’Arianespace, d’ArianeGroup et du Cnes, vient de connaître plusieurs avancées décisives. Après l’annonce, en mai, du démarrage de la production de ses 14 premiers lanceurs (censés décoller entre 2021 et 2023), ArianeGroup a indiqué début octobre que la revue de conception détaillée de sa nouvelle fusée était terminée, autorisant « l’entrée du lanceur dans sa phase finale de qualification pour vol ».

En d’autres termes, les choses sérieuses vont pouvoir commencer pour Ariane 6, avec des « tests combinés entre le lanceur et son pas de tir à Kourou », au premier semestre 2020, et un premier vol crucial en seconde partie d’année.


Quelques jours après cette annonce, le maître d’œuvre du programme Ariane 6 confirmait avoir retenu le projet du nouvel armateur Alizés dans le cadre de son appel d’offres portant sur le futur transport des éléments de ce lanceur nouvelle génération vers la Guyane, où ils seront assemblés. Ce projet novateur, qui avait triomphé de celui de son concurrent CMA CGM, vient d’être présenté.


Un cargo du futur pour la fusée de demain…

Alizés était la joint-venture créée pour l’occasion de cet appel d’offres par le groupe aixois Jifmar offshore services et par la nouvelle compagnie maritime nantaise Zéphyr & Borée, spécialisée dans les énergies vertes et le transport « décarboné ». Cette dernière entreprise s’est appuyée sur les compétences du cabinet d’architecture navale VPLP design, lequel a imaginé avec elle un navire adapté aux contraintes du groupe spatial.

Le futur « Canopée », qui mesurera 121 mètres de long et 23 de large, sera doté de 18 cabines et surtout de 4 « oceanwings », ces ailes automatisées haute performance développées par VPLP. Celles qui équiperont le navire mesureront 30 mètres de haut. Leurs 1.452 m2 de voiles pourront être partiellement ou totalement déployées et rétractées en fonction de la météo.

Elles viendront au surplus d’une propulsion classique hybride au GNL et au gasoil marin (MDO). L’emploi de ces voiles permettra l’économie de 7.200 tonnes de CO2 par an, ce qui nous donnera autour de 30% d’émissions polluantes en moins.


Le navire sera doté d’un pont avant et d’un pont découvert arrière pouvant supporter une charge de 200 tonnes, le tout « avec des flancs hauts pour protéger la cargaison ». Il sera bâti avant la fin de l’année 2021, sur un chantier qui reste à déterminer.

Cet impressionnant cargo roulier fera le voyage vers Kourou en plusieurs étapes, à la vitesse maximale de 16,5 nœuds (soit 30,5 km/h). En Europe, il chargera des éléments de la fusée à Brême, Rotterdam, Le Havre et Bordeaux, plus précisément au terminal portuaire blanquefortais de la Grattequina, dont l’activité pourrait donc enfin être relancée.


Cette ultime escale en Gironde est des plus logiques. C’est là que la co-entreprise créée en 2014 par Airbus et Safran emploie un gros tiers de ses effectifs, sur ses deux sites de Saint-Médard-en-Jalles et du Haillan. Les premières rotations du navire sont annoncées pour la première moitié de 2022.


Des tuyères « propulsées » depuis Bordeaux…

Depuis l’an dernier, le site ArianeGroup du Haillan s’est doté d’une ligne de production de tuyères ultra-robotisée, la « B-Line ». Associées aux moteurs P120C à propergol solide (c’est-à-dire à poudre), ces tuyères, équivalents des « pots d’échappement » de nos voitures, permettent l’expulsion des gaz nécessaires à la propulsion du lanceur. Elles participent de même au guidage de l’engin.

Les modèles de lanceurs Ariane 62 et 64 comportent respectivement 2 et 4 de ces systèmes de propulsion, aussi employés sur les lanceurs légers Vega C. On parle ici de propulseurs d’appoint : l’usine du Haillan pourra produire 35 tuyères par an, soit trois fois la capacité antérieure du site. Les premier et deuxième étages de la fusée seront quant à eux équipés des fameux moteurs Vulcain 2.1 et Vinci, dont les essais à feu se sont avérés concluants.


Ces éléments, ainsi que l’ensemble de la fusée, partiront donc « en kit » de Bordeaux à bord du Canopée pour rejoindre Pariacabo, la zone portuaire de Kourou. L’assemblage d’Ariane 6 sera réalisé en Guyane.

Alors que la concurrence internationale fait rage dans ce domaine des lanceurs et que la jeune histoire d’ArianeGroup a déjà connu quelques remous, ces différents signaux montrent que le programme Ariane 6, qui visait à une production plus économique et compétitive de lanceurs nouvelle génération, est en bonne voie. En attendant, l’acheminement des éléments de la poignée de fusées Ariane 5 restant à lancer sera toujours assuré par la Compagnie Maritime Nantaise.

Ces ultimes lancements devraient s’étaler jusqu’en 2023. Le passage de témoin avec Ariane 6 sera donc déjà assuré.

Informations sur le site ariane.group/fr


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